The article in question is divided into sections; each section has a title expressing a rumor or suspicion about Sarko, followed by a terse "vrai" or "faux" ("true" or "false"). I will offer you the first section tonight, then work my way at a leisurely pace through the rest of the article over the next couple days.
I don't know how long the above link will remain active, so I've taken the liberty of copying the entire article into this post. The French will be in italics; my English rendering will be in boldface. If you're wondering why I'm doing this, it's partly to get a better read on Sarkozy, and partly to brush up on my French, which I've been losing through disuse.
Ready? Here we go.
LEXPRESS.fr du 30/04/2007
La vérité sur... Sarkozy
Elise Karlin, Eric Mandonnet, Philippe Bidalon, Corinne Lhaïk
Sarkozy pète souvent les plombs: vrai
Ses énervements font partie du personnage. Le jour de son départ du ministère de l'Intérieur, dans le train qui le conduit à Avignon, il s'acharne sur un collaborateur. «Il se met en colère pour des détails, mais il a gagné en sérénité dès que se posent à lui des questions décisives», assure un proche. Quand il était ministre, il s'est emporté à plusieurs reprises contre ses collègues - Azouz Begag l'accuse même, dans son livre, de l'avoir insulté. A l'origine de toutes ces réactions, il y a un élément clef de sa personnalité: Nicolas Sarkozy ne laisse jamais rien passer. Aucune critique ne reste sans réponse - laquelle réponse est parfois donnée avec fougue! Ces dernières semaines, les tensions n'ont pas manqué chaque fois qu'il était l'invité d'un média.
Sarkozy often loses it: TRUE
His outbursts are part of the package. The day he left the Interior Ministry, in the train taking him to Avignon, he was laying into an aide. "He gets angry about the details, but he has become more serene as he's faced more decisive issues," a person close to him assures us. When Sarkozy was minister, he went after his colleagues on several occasions; Azouz Begag, in his book, even accuses Sarkozy of having insulted him. Underneath all these reactions is a key component of Sarkozy's personality: he doesn't let anything go. No critique goes unanswered, and said response is sometimes given with great force! These past few weeks have been tense ones whenever he has been a guest of the media.
Sarkozy est inculte: faux
Jusqu'à présent, on l'avait surtout entendu réciter par cœur des chansons françaises - il est incollable sur Johnny Hallyday. Il revendiquait aussi son statut d'enfant de la télé, ayant grandi au rythme des émissions plus que de certains chocs culturels. Il avouait toutefois sa fascination pour Céline et ses coups de cœur pour Le Livre de ma mère et Belle du seigneur, d'Albert Cohen. Pendant la campagne, au détour d'un entretien avec les journalistes de Télérama, il glisse qu'il est en train de découvrir Curzio Malaparte. Face au scepticisme de ses interlocuteurs, il ouvre son sac de voyage et en sort un exemplaire de Kaputt. Le fameux dialogue avec Michel Onfray lui donne l'occasion d'une autre confidence: en 1995, il aurait lu les lettres de Sénèque à Lucilius. Il ne lui manquait plus que de citer Sophocle dans un discours… et il l'a fait!
Sarkozy a mis le feu aux banlieues: faux
Le dire relèverait de l'amalgame. L'explosion dans les banlieues, à la fin de 2005, ne peut être imputée au ministre de l'Intérieur de l'époque. En revanche, les propos qu'il avait tenus après la mort de deux adolescents de Clichy-sous-Bois - la nuit d'émeute qui suivit déclencha la crise - étaient à la fois hâtifs et maladroits. Voulant, comme à son habitude, réagir très vite, il assura que «les policiers ne poursuivaient pas ces jeunes gens». L'enquête démontra le contraire. Le climat est resté ensuite très lourd entre Nicolas Sarkozy et les banlieues, au point que son non-déplacement à Argenteuil, où il avait parlé de «racaille», est devenu un feuilleton de la campagne.
Sarkozy est fasciné par les Etats-Unis: vrai
«Certains en France m'appellent Sarkozy l'Américain. J'en suis fier. Je suis un homme d'action, je fais ce que je dis et j'essaie d'être pragmatique. Je partage beaucoup des valeurs américaines.» En 2004, lors d'un déjeuner avec le Comité juif américain, le ministre prend le contre-pied de ceux qui l'attaquent parce qu'il est américanophile. Il y a une vraie part de sincérité dans l'admiration qu'a Nicolas Sarkozy pour les Etats-Unis. Il estime que, outre-Atlantique, chacun a une chance, quels que soient «son nom ou son faciès», comme il l'a dit un jour. Il avait alors cité les exemples d'Arnold Schwarzenegger, élu gouverneur de Californie, ou de Colin Powell, l'ancien secrétaire d'Etat de George Bush, d'origine jamaïcaine.
Sarkozy croit qu'il a déjà gagné: vrai
Publiquement, il a toujours affirmé qu'il se retrouverait au second tour face à Ségolène Royal et que le résultat serait serré. De fait, il n'a jamais «relâché l'effort», comme on dit des sportifs. En privé, il assure depuis longtemps qu'il va l'emporter. A son retour de la Réunion, en février, à son départ de la Place Beauvau, en mars, dans les dernières semaines de campagne, en avril, il a souvent confié à ses proches qu'il pensait gagner. Au soir du premier tour, il a carrément exulté - et sa performance électorale historique pouvait justifier sa réaction. Il a même cru la victoire acquise, au point de singer la fameuse scène de Jacques Chirac traversant Paris en voiture, la fenêtre ouverte. Sauf que Chirac, lui, avait attendu le second tour…
Sarkozy remet en question le principe de laïcité: faux
Ce fut l'une des différences qu'il prit plaisir à faire entendre pendant le quinquennat. Alors que Jacques Chirac ne voulait pas d'une réforme de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, Nicolas Sarkozy plaidait pour un toilettage. «Je suis assez fasciné de voir qu'alors qu'on change la Constitution tous les ans une école de pensée vient nous dire que la loi de 1905 ne devrait être changée en rien», indiquait-il en 2005, en publiant La République, les religions, l'espérance. Il expliquait que, entre la France catholique du début du XXe siècle et celle, multiple, avec une forte présence musulmane, du début du XXIe siècle, les différences justifiaient des adaptations législatives. Il voulait autoriser les pouvoirs publics à participer à la construction de certains édifices religieux et à contribuer à la formation des curés, des rabbins ou des imams. Le candidat a profité de la campagne pour se ranger dans cette «école de pensée» qu'il moquait jusqu'alors: il renonce à modifier la loi, parce que «c'est un sujet sur lequel on ne peut avancer sans consensus».
Sarkozy a changé: vrai
Le 14 janvier 2007, lors du discours fondateur de sa campagne, il l'a dit à une quinzaine de reprises. Et, au-delà de la nécessaire opération de cosmétique effectuée à cet instant décisif, c'est vrai! Sur deux points. Incontestablement, le candidat a évolué idéologiquement: l'homme politique de droite est entré dans la peau du candidat à Nîmes, en mai 2006. Peu à peu, grâce, notamment, à l'aide d'Henri Guaino, il a construit une nouvelle relation personnelle avec la République. Cela l'a conduit à abandonner certaines positions passées, comme la discrimination positive, dont il a gardé l'expression mais pas le contenu.
L'homme s'est également transformé; c'est une mue que connaissent en campagne tous les candidats qui ont une chance d'être élus à la fonction suprême. Longtemps, il s'est amusé à faire de la politique. «Aujourd'hui, il n'a plus la politique joyeuse. Il se sera mis dans la peau de celui qui est candidat par devoir plus que par ambition», observe un ami.
Sarkozy aime l'argent: vrai
Il ne s'en cache pas, au contraire. Pour le candidat de l'UMP, l'argent n'est pas sale, il doit être le signe de la réussite sociale. «Travailler plus pour gagner plus» a été l'un de ses slogans fétiches avant le premier tour. Lui-même n'a jamais négligé les questions pécuniaires. Parce qu'il peut être épaté par ceux qui «pèsent plusieurs millions d'euros», il a fait en sorte d'avoir des revenus qui le mettent à l'abri de toutes contingences matérielles. L'Express a révélé, dans son numéro du 12 avril, qu'il avait déclaré, en 2004, 124 960 euros de revenu imposable net après abattements.
Cécilia a été absente de la campagne Sarkozy: faux
Si les rumeurs se sont multipliées depuis janvier sur l'éloignement de Mme Sarkozy, la réalité est plus complexe. Quasi invisible depuis le 14 janvier jusqu'au premier tour, elle a néanmoins été très présente en coulisse. Ses vacances à l'étranger ne l'ont pas empêchée d'organiser la petite fête du 22 avril: c'est elle, et personne d'autre, qui a dressé la liste des happy few conviés à rejoindre le candidat, alors que les parlementaires se trouvaient dans un autre lieu de Paris. Ce jour-là, elle apparaît «virevoltante» aux yeux des invités, gérant la soirée de ses enfants, présents au QG de campagne, tout en s'occupant des élus et des stars. «Ceux qui ont souhaité le désengagement politique personnel, voire total, de Cécilia ont perdu», constate un ami de longue date du candidat.
Sarkozy est un ultralibéral: faux, mais...
C'est un libéral à la française qui croit à la fois en l'homme et en l'Etat. Comme Adam Smith, célèbre économiste du XVIIIe siècle, et ses successeurs, il pense que le travail fait la richesse, que l'impôt pénalise l'activité et qu'il faut le réduire, que le mérite doit être récompensé. Mais, comme Superman, il est persuadé qu'il doit sauver le monde. En période électorale, il a vite choisi entre ses héros: quitte à décevoir les admirateurs - au demeurant peu démonstratifs - de Hayek et d'Aron, il se fait le chantre d'un Etat puissant, capable d'empêcher la faillite d'un groupe industriel (il se vante d'avoir repêché Alstom), de limiter le libéralisme commercial (il défend la préférence communautaire), monétaire (il veut que les Etats européens pilotent le taux de change de l'euro) ou salarial (il envisage de revenir à l'indexation des salaires sur les prix). «Il pense que l'économie de marché est le système le plus efficace, note un proche. Mais c'est un homme politique, persuadé que les gouvernants doivent répondre aux inquiétudes de l'opinion publique.» Et voilà comment l'opportunisme politique se transforme en pragmatisme économique!
Sarkozy a la mainmise sur certains médias: vrai
Martin Bouygues, Arnaud Lagardère, Jean-Pierre Elkabbach, Nicolas Beytout: à la tête de nombreux médias figurent des professionnels qui sont parfois des amis, en tout cas de vieilles connaissances. Et Sarkozy a le coup de fil facile. L'Express avait raconté comment le candidat appela Edouard de Rothschild, l'actionnaire principal de Libération, à la suite d'une Une: «Impôt sur la fortune de Sarkozy: le soupçon». Le 8 mars, Simone Veil annonce son ralliement. C'est un geste que l'équipe de campagne estime capital. L'information ouvrira le Journal de 20 heures de TF 1 et fera la pleine Une du Figaro. Le Canard enchaîné a relaté plusieurs scènes de menaces lancées par le candidat. Entre les deux tours, Ségolène Royal et François Bayrou ont accusé Sarkozy d'avoir fait «pression» sur des médias pour empêcher la tenue de leur débat - qui eut lieu le 28 avril.
Comme Chirac, Sarkozy promet beaucoup mais ne fera rien: joker
Pendant la campagne, il a oscillé entre plusieurs attitudes. La distribution tous azimuts de promesses, qui a fait toussoter les élus spécialistes des questions financières autour de lui; les engagements précis qu'il se dit certain de pouvoir tenir. Son score du premier tour - une petite humiliation a posteriori pour le président sortant - lui donnera peut-être, s'il est élu, les coudées plus franches pour appliquer ses réformes. Chirac voyait en premier la fragilité de la société française, Sarkozy mise d'abord sur sa capacité de mouvement. Mais, quand on sait qu'il était près de revenir sur sa proposition controversée de «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale» avant de la maintenir devant de bons sondages, on se dit qu'il évoluera forcément sur d'autres sujets, quitte à se renier.
Sarkozy dresse les Français les uns contre les autres: vrai
C'est le prix à payer pour une stratégie qui refuse le consensus mou. Nicolas Sarkozy est un candidat qui fabrique du clivage. Il peut s'en féliciter, puisque les électeurs qui votent pour lui adhèrent vraiment à son projet, quand ceux qui privilégient Ségolène Royal le font, pour un certain nombre d'entre eux, d'abord par rejet de son adversaire. Il doit s'en méfier, parce qu'il suscite des hostilités fortes. Fonctionnaires contre salariés du privé, France rurale contre banlieues, etc.: s'il promet d'être un président qui saura rassembler, il a mené jusqu'au premier tour une campagne qui voulait amener chacun à se positionner. Son langage illustre sa stratégie. «Il est recommandé qu'un président de la République se fasse comprendre des citoyens qu'il entend représenter», a-t-il prévenu.
Sarkozy est complexé par sa taille: vrai
Enfant, il se bagarrait avec Guillaume, son frère aîné, nettement plus grand que lui, qui se moquait régulièrement de sa taille. Toute plaisanterie sur ce point était interdite: ses amis de jeunesse savaient le sujet tabou. Il l'est resté. Alors que son conseiller de presse fournit généralement une réponse précise quelle que soit la question, savoir combien mesure Nicolas Sarkozy relève du secret d'Etat. «Un peu moins de 1,70 mètre», est la réponse officielle, mais sans doute fausse - il est plus près de 1,60 mètre.
Sarko est facho: faux
Il y eut l'époque du «Chirac facho», une expression qui a vraiment vieilli… Au-delà de la qualification historiquement grotesque, l'expression ne colle pas davantage au candidat de l'UMP qu'elle ne convenait à celui du RPR. Nicolas Sarkozy a cherché non pas à pactiser avec Jean-Marie Le Pen, mais à lui dérober ses électeurs. Et le seul moyen de faire baisser le score du Front national est de convaincre ceux qui votent pour lui… de choisir quelqu'un d'autre! Tout est ensuite affaire d'appréciation: à chacun de voir jusqu'où il est possible d'aller dans la récupération sans bousculer trop les valeurs républicaines. Sans doute le choix du «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale» relevait-il plus du réflexe d'un candidat que de la réflexion d'un homme d'Etat - même Max Gallo ou Alain Finkielkraut ont regretté pareille appellation, alors qu'ils sont pleinement favorables au débat sur l'identité nationale.
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